Maha Shivaratri à l’île Maurice – La grande nuit du dieu Shiva
Ganga Talao, "Grand Bassin"
Tout le monde peut se rendre à pied au lac de cratère sacré de Ganga Talao. De nombreuses rues sont bordées de gens offrant de la nourriture et des boissons, avec une omniprésence de musique sacrée. J’étais en voiture aujourd’hui, roulant lentement derrière de magnifiques kanwars et une charmante dame est venue m’offrir un ti-pouri, une sorte de pain indien frit avec des currys de légumineuses.
Rien ne l’obligeait à le faire (c’était évident que je n’étais un pèlerin en route vers Grand-Bassin) et je n’avais donc pas vraiment besoin de nourriture. Bien entendu, là n’est pas la question : de nombreuses familles ont économisé pendant des mois et des mois pour donner aussi généreusement. À bien des égards, cette très grande bonté est l’essence même de cette semaine de festivités.
Maha Shivaratri
Shiva
Le Maha Shivaratri (en sanskrit, la Grande Nuit de Shiva) est l’une des plus importantes fêtes religieuses de l’année – la plus importante pour les dévots de Shiva. L’une des principales divinités hindoues, il est représenté dans une multitude de formes : danseur cosmique, ascète, dieu de la fertilité, maître à la fois des poisons et de la médecine (à travers son pouvoir ambivalent sur les serpents). Dans les temples et sanctuaires privés, Shiva est aussi adoré sous la forme d’un lingam, objet phallique qui symbolise la divinité et qui est vénéré comme un emblème de la puissance créatrice.
Pendant la fête, les hindous se rappellent et méditent sur Shiva, son éthique et les vertus – la maîtrise de soi, le pardon, l’honnêteté et l’harmonie sociale, entre autres.
Quelque 300 000 à 400 000 pèlerins convergent à pied vers Ganga Talao chaque année. Apparemment, le nom du lac signifie littéralement « le lac du Gange », en référence au fleuve sacré de l’Inde. Selon une légende, en transportant le Gange sur sa tête, le dieu Shiva aurait laissé tomber quelques gouttes d’eau, créant ainsi Ganga Talao. Arrivés au lac, les dévots se recueillent, versent de l’eau bénite sur les statues et leur font des offrandes.
Om Namah Shivaya, the chant
« À l’occasion de Maha Shivaratri, les dévots se préparent à adorer le dieu Shiva en priant et en scandant ʺOM Namah Shivayaʺ toute la nuit (durant le ʺchar paharʺ, une prière en quatre temps) », m’explique mon ami Kounal.
Kanwars
Les kanwars que les pèlerins transportent jusqu’au lac ne vous laisseront pas indifférents. Ils sont un régal pour les yeux et sont parfois d’une taille et d’une créativité vraiment spectaculaires. Le spectacle visuel laisse la place à l’admiration en voyant les personnes qui transportent ces structures.
C’est une prouesse quasiment hallucinante que de porter le poids de ces kanwars sur des kilomètres de routes en pente, sous le soleil tropical. J’en ai vu de très créatifs, avec des formes d’éléphant, de serpent (voir ci-dessous), ou encore de divinités faisant jaillir de l’eau de leur bouche. Les marcheurs s’arrêtent pour dormir à même le sol dans des abris spécialement conçus, puis reprennent la route avec leurs kanwars. Arrivés au lac sacré, les pèlerins prient et rendent grâce avant d’effectuer le même trajet en sens inverse pour rentrer chez eux, où ils jeûnent et participent à une nuit de prières. Le jour suivant, tout le monde se repose.
L’île Maurice tient tout son charme et son originalité de la diversité et la richesse des cultures qui la composent. Ce petit diamant de l’océan Indien regroupe des habitants d’origine européenne, africaine, indienne, chinoise, qui pratiquent comme principales religions le christianisme, l’hindouisme, l’islam et le bouddhisme et qui, par-dessus tout, vivent en harmonie.
Le pays est un rare exemple de paix sociale et d’unité au sein d’une société multiculturelle qui suscite l’admiration du monde entier.